REFLEXION

EnArabie Saoudite, la peine de mort sanctionne une grande variété de délits : vol, viol, meurtre, attaque à main armée, mais aussi consommation de de drogue, apostasie, blasphème, adultère, fornication, homosexualité et même pratique de la sorcellerie. Le droit saoudien est en principe basé sur la sharia, mais un code pénal a été introduit en 2002.

Avec 184 exécutions par an en 2019, l'Arabie ne vient qu'au troisième rang mondial après la Chine et l'Iran, mais elle est en tête quant au nombre d'exécutions par million d'habitants. Le mode d'exécution est principalement la décapitation au sabre, emblème qui figure sur le drapeau national. La lapidation, bien que légale, n'est plus pratiquée depuis une petite trentaine d'années.

Les exécutions sont publiques, et retransmises à la télévision nationale. A Riyad, les décapitations ont lieu sur la place Deera, surnommée place de la justice ou bien "chop chop square". A 9h du matin, juste après la prière du vendredi, la police évacue la foule du centre de la place. Le condamné doit s'agenouiller devant le bourreau pendant la lecture du chef d'accusation et de la sentence.

On y remarque au sol une grille d'écoulement, ce qui est inhabituel dans un pays où il ne pleut pratiquement pas.

Après les exécutions, le corps est généralement rendu à la famille pour les rites funéraires. Mais selon la gravité des délits, la décapitation peut aussi être suivie de crucifixion, le corps restant exposé en public entre un et trois jours et la tête placée au bout d'une pique :Saudi prisoner 'executed and crucified'. Comme la Chine, l'Arabie Saoudite pratique les exécutions de masse. En 2016 et 2019, on a exécuté respectivement 47 et 37 personnes à la chaîne. Les victimes avaient participé aux rébellions des printemps arabes, ou à celles deQatif en 2017–19.

Le bourreau le plus célèbre du royaume s'appelle Muhammad Saad al Beshi. Il a commencé sa carrière en 1998, et a décapité jusqu'à 10 personnes par jour. Père de sept enfants, il a raconté à la presse comment ses fils l'assistent dans sa tâche, l'aidant à aiguiser et à nettoyer son sabre. Mais face à l'accroissement de la demande, le gouvernement saoudien a du déposer en 2015 une petite annonce pour lerecrutement de huit nouveaux bourreaux. Le poste ne semble pas requérir de formation préalable, mais un bourreau doit être en mesure de pratiquer à la fois la décapitation et l'amputation.

En effet, le vol avec récidive est puni d'amputation. En cas de vol aggravé, on a recours à l'amputation croisée, main droite et pied gauche. La loi du talion est appliquée sur demande pour la réparation d'un préjudice :Qisa. Jusqu'à tout récemment, la flagellation était couramment administrée pour les délits mineurs, comme la consommation d'alcool ou de pornographie, ou le non respect des obligations de prière et de jeûne. Le nombre de coups de fouet prescrit pouvait varier, souvent autour de trente, sans toutefois dépasser plus de cinquante à la fois, et seulement à raison d'une séance par semaine.

En avril dernier, Son Altesse Royale Mohammed Ben Salman a fait preuve de clémence en abolissant la peine de flagellation désormais remplacée par des amendes ou des peines de prison. C'est une bonne nouvelle pour le blogueur Raïf Badawi, condamné pour insulte à l'Islam à mille coups de fouet échelonnés sur 19 séances. En outre, les mineurs ne pourront plus être exécutés comme jusqu'à maintenant et seront condamnés à la place à dix ans de prison. Mais la peine de mort reste applicable aux citoyens étrangers qui transgresseraient les lois du royaume, comme on peut le voir sur ce formulaire de demande de visa.

Pourtant, malgré tous ces efforts de dissuasion, le taux de criminalité saoudien n'arrive qu'à la 113ème place sur 133 selon un classement récent, juste après les Pays-Bas.Crime Index by Country 2020 Mid-Year. Le royaume est dépassé par le Danemark, la Finlande, l'Autriche, la Suisse, la Tchéquie, le Japon, Hong, Kong, Taïwan, et même ses voisins le Qatar et les Emirats Arabes Unis.

Les Saoudiens souffrent de l'image que leur réservent les médias occidentaux et s'estiment incompris. Le sabre a toujours fait partie intégrante de la culture arabe, et la danse du sabre,Al-Ardha, est d'ailleurs classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. En avril 2017, Donald Trump a rendu lors de sa visite officielle un bref hommage à cette tradition ancestrale. En effet, l'Arabie Saoudite n'était pas concernée par leDécret présidentiel 13769, promulgué trois mois auparavant, et qualifié abusivement par les médias de "Muslim Ban". C'est avec l'Iran, l'Irak et la Syrie que les Etats Unis ont des relations conflictuelles, et non l'Arabie saoudite.