CATHEDRALES-ABBAYES-COUVENTS

célèbre cathédrale, vieille de plus de 700 ans, est toujours en partie énigmatique célèbre cathédrale,  

On pense tout savoir des cathédrales. Pourtant, ces merveilles d’ingénierie pour l’époque, comportent encore des parts de mystères, notamment dans leurs interprétations. Notamment celle de Chartres, première cathédrale classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Troisième épisode de notre série estivale sur des lieux historiques qui restent encore très énigmatiques.

C'est l'histoire d'une statue étêtée. Le mystère planait donc sur son identité. Vu son environnement sur le portail, les spécialistes imaginaient bien qu’il s’agissait d’un prophète, mais ils n’en avaient aucune confirmation. Jusqu’à ce qu’en 2013, un photographe chartrain ne décide en compagnie de Gilles Fresson, ancien coordinateur de la cathédrale, de faire jouer ses appareils et logiciels de traitement de très haute définition pour faire apparaître les traces de lettres sur le phylactère (une sorte de banderole) qu’elle portait : S.A.I.A.S… donc Isaïe, prophète central de l’Ancien Testament.

Le labyrinthe, d’origine, compte 273 dalles. Une référence à la gestation humaine ? (Photo : Nicolas Montard)

Encore des mystères

Malgré la longue liste de ceux qui l’ont arpenté en long en large et en travers, la belle dame garde sa part d’inconnues et de mystères, percés petit à petit, au fil des recherches d’historiens et des observations de théologiens. Parmi ceux qui restent à trancher, la signification du nombre de dalles du labyrinthe tracé au sol sur 261,50 mètres et symbolisant le chemin de vie. Il y en a 273, « un chiffre a priori pas anodin puisque c’est le nombre de jours de gestation humaine et on sait qu’il y a beaucoup de symbolique ici, décrypte Gilles Fresson, mais il faudrait trouver la mention dans un écrit pour l’affirmer, nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur ». C’est d’ailleurs grâce aux écrits que Gilles Fresson, également guide conférencier qui organise avec l’office de tourisme de passionnantes visites dans la peau d’un bâtisseur ou d’un pèlerin, a d’ailleurs compris qu’à Chartres, d’étonnantes danses étaient organisées autour de ce labyrinthe lors de la liturgie des vêpres de Pâques.

Les paroles des vitraux

Les vitraux, bande dessinée de lumières et de couleurs, restent encore en partie énigmatiques. Logique, il y a 5 700 personnages sur les 2 500 mètres de vitraux ! « Sur un vitrail, il peut y avoir en général quatre niveaux de lecture : historique, allégorique, anagogique, tropologique. Pour certains, nous n’en avons identifié que deux pour le moment, pour une poignée il y en a certainement plus d’une dizaine ! Ça nous laisse donc encore de la marge d’interprétation. »

Des détails s’éclairent régulièrement. S’il y a des ronds rouges dans les roues d’un chariot, c’est parce qu’il y avait des feuillages en trop sur un arbre et que l’artisan verrier ne voulait pas les gâcher. Se mettre dans la tête du maître verrier est indispensable pour essayer de les comprendre, même si les noms de ceux-ci nous restent inconnus…

Pour autant, rien n’empêche de suivre leurs traces. En 2017, un chercheur américain a envoyé un mail avec une photo de vitrail de la cathédrale Canterbury (Grande-Bretagne) à Gilles Fresson. Celui-ci a eu l’illumination : le dessin des personnages correspond au style d’un des vitraux de la cathédrale chartraine, celui de Saint-Lubin. C’est donc le même atelier qui l’a réalisé, et on suit ainsi son travail à Chartres, Canterbury, à Angoulême, à Rouen, au fil des constructions de cathédrales… « On cherche encore d’autres cathédrales où il a pu intervenir. Vous voyez, on peut aller très loin si on veut essayer de comprendre la cathédrale dans son ensemble ! Il y a sans cesse des pièces de puzzle qui s’imbriquent. »