Ce poème publié en 1823 a complètement changé Noël aux États-Unis et dans le monde
«Le poème arrive exactement au moment où Noël devient une fête domestique centrée sur la famille, le foyer et les enfants.»| Kodomo no Tomo Magazine via wikicommons
C'était il y a plus de 200 ans. Le 23 décembre 1823, le journal The Troy Sentinel publie l'un de ses numéros qui deviendra iconique. Entre les informations sur les derniers événements au Congrès et les publicités pour des peaux de bison ou celles pour du miel local, se trouve ce jour-là un poème.
Publié anonymement en page 3, il est intitulé «Récit d'une visite de Saint-Nicolas». Mais, commençant par «c'était la nuit avant Noël»,ces mots sont devenus aujourd'hui le titre du poème dans l'esprit commun. Au fil des vers, il raconte la rencontre entre un père et Saint-Nicolas accompagné de ses rennes.
Plus qu'un simple poème écrit pour les fêtes de fin d'année, il changera profondément la célébration de Noël aux États-Unis et dans le monde entier, relate National Geographic dans un article.
L'exemple parfait «d'un Noël à la maison»
«À cette époque, Noël n’était pas encore très célébré aux États-Unis, précise Thomas Ruys Smith, professeur de littérature et de culture américaines à l’Université d’East Anglia, qui étudie l’histoire de Noël aux États-Unis.Quand c’était le cas, c’était une fête de rue animée qui s’inspirait des traditions du vieux continent.» Ces coutumes étaient devenues populaires en Europe occidentale, puis se sont répandues aux États-Unis avec les premières vagues d’immigrants dans la nouvelle nation.
Le poème qui a été publié dans The Troy Sentinel, en 1823. | Hymns and carols of christmas via wikicommons.
«Le poème arrive exactement au moment où Noël devient une fête domestique centrée sur la famille, le foyer et les enfants», continue le spécialiste. Les vers ont ainsi bercé une génération d’enfants et influencé les traditions de Noël des générations suivantes. Avant les années 1820, explique le spécialiste, Noël aurait ainsi été méconnaissable pour tout lecteur moderne. La célébration de cette fête —quand elle était célébrée— variait considérablement d’une région à l’autre et impliquait généralement des festivités dans les rues et une forte consommation d’alcool.
«Ce poème donne aux lecteurs un exemple parfait de ce à quoi devrait ressembler un Noël à la maison», ajoute l'expert. Au lieu de festivités pour adultes, le Noël du poème parle d'enfants endormis et d'un lutin scintillant qui se faufile dans leurs maisons la nuit pour leur apporter des cadeaux.
La controverse autour de son auteur
Le succès du poème a été tel que les lecteurs et lectrices de The Troy Sentinel ont assiégé la rédaction pour connaître la véritable identité de son auteur. Mais ce n'est que 14 ans plus tard, avec la publication de l'anthologie «The New-York Book of Poetry», qu'un auteur s'est manifesté.
Et ce n'est nul autre que le spécialiste des classiques, Clement Clarke Moore. Ce dernier a expliqué l'avoir écrit pour ses neuf enfants et l'avoir lu à haute voix la veille de Noël 1822. Pourtant, cette révélation ne convainc pas tout le monde. Certains chercheurs et descendants du fermier et poète hollandais Henry Livingston, Jr. assurent qu'il en est le véritable auteur. Ils affirment ainsi que Clement Clarke Moore, réputé froid et sans humour, n'aurait jamais pu imaginer un Père Noël aussi aimable que celui du poème.
Autre point mis en avant: les origines hollandaises d'Henry Livingston Jr. auraient inspiré les traditions évoquées dans le poème. Les chaussettes de Noël remplies de jouets et le Père Noël sont d'origine néerlandaise, dérivés de la fête annuelle des Pays-Bas célébrant Sinterklaas, ou Saint-Nicolas, le 6 décembre. Pourtant, le mystère reste entier, et ce encore aujourd'hui, puisqu'Henry Livingston Jr. n'a jamais revendiqué le poème.
Une dame demande : « Combien vendez-vous vos œufs ?»
Le vieux vendeur répond : « 0.50€ un œuf, madame»
La Dame dit : « Je vais prendre 6 œufs pour 2.50€ ou je pars».
Le vieux vendeur lui répond : « Achetez-les au prix que vous souhaitez, Madame. C'est un bon début pour moi parce que je n'ai pas vendu un seul œuf aujourd'hui et que j’ai besoin de ça pour vivre».
Elle lui a acheté ses œufs à prix marchandé et elle est partie avec la sensation qu'elle avait gagné. Elle est entrée dans sa voiture élégante et est allée dans un restaurant élégant avec son amie.
Elle et son amie ont commandé ce qu'elles voulaient. Elles ont mangé un peu et ont laissé beaucoup de ce qu'elles avaient demandé.
Alors elles ont payés l'addition, qui était de 400€. Les dames ont donné 500€ et ont dit au propriétaire du restaurant chic de garder la monnaie comme pourboire...
Cette histoire pourrait sembler assez normale vis-à-vis du patron du restaurant de luxe, mais très injuste pour le vendeur des œufs...
La question que ça amène est:
Pourquoi avons-nous toujours besoin de montrer que nous avons le pouvoir quand nous achetons à des gens dans le besoin ? Et pourquoi sommes-nous généreux avec ceux qui n'ont même pas besoin de notre générosité ?
Une fois j'ai lu quelque part :
« Mon père avait l'habitude d'acheter des biens à des pauvres à des prix élevés, même s'il n'avait pas besoin de ces choses.
Parfois, il les payait plus cher. J'étais stupéfait. Un jour je lui ai demandé « pourquoi fais-tu ça papa ? »
Alors mon père répondit : « C'est une charité enveloppée dans la dignité, mon fils»
Je sais que la plupart d'entre vous ne partageront pas ce message, mais si vous êtes l'une des personnes qui a pris le temps de lire jusqu'ici...
Elle est assise à un bureau dans une maison en bois au cœur d’une palmeraie, regardant le ciel nocturne par la fenêtre.
La pleine lune illumine les palmes qui dansent au vent. Elle a été chargée d’écrire un poème qui sera envoyé dans l’espace, sur la lune lointaine d’une autre planète.
Que doit-elle dire ? Quel est le message contenu dans une bouteille qu’elle devrait lancer dans le système solaire ? Comment peut-elle commencer à écrire un poème qui parle des fragiles merveilles de notre planète natale ? Cela exprime notre espoir qu’il pourrait y avoir une autre vie quelque part, dans les étoiles ?
In the Studio suit la poétesse lauréate américaine Ada Limón alors qu’elle compose un poème original dédié à la mission Europa Clipper de la NASA sur la lune glacée de Jupiter.
Son poème sera gravé sur le vaisseau spatial Clipper, qui sera lancé en 2024 et parcourra 1,8 milliard de kilomètres pour atteindre Europe – un voyage qui durera six ans.
Âgé de cent mille ans, j’aurais encor la force De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir. Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses, Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille, Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu, Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore De la splendeur du jour et de tous ses présents. Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille ! Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent, Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne, Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat. Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France. Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs, Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre : Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera. Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit.
Robert Desnos, 1943 (paru dans L’Honneur des poètes)
Je n’aime plus la rue Saint-Martin Depuis qu’André Platard l’a quittée. Je n’aime plus la rue Saint-Martin, Je n’aime rien, pas même le vin.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin Depuis qu’André Platard l’a quittée. C’est mon ami, c’est mon copain. Nous partagions la chambre et le pain. Je n’aime plus la rue Saint-Martin.
C’est mon ami, c’est mon copain. Il a disparu un matin, Ils l’ont emmené, on ne sait plus rien. On ne l’a plus revu dans la rue Saint-Martin.
Pas la peine d’implorer les saints, Saints Merri, Jacques, Gervais et Martin, Pas même Valérien qui se cache sur la colline. Le temps passe, on ne sait rien. André Platard a quitté la rue Saint-Martin.
Je suis le veilleur de la rue de Flandre, Je veille tandis que dort Paris. Vers le nord un incendie lointain rougeoie dans la nuit. J’entends passer des avions au-dessus de la ville.
Je suis le veilleur du Point-du-Jour. La Seine se love dans l’ombre, derrière le viaduc d’Auteuil, Sous vingt-trois ponts à travers Paris. Vers l’ouest j’entends des explosions.
Je suis le veilleur de la Porte Dorée. Autour du donjon le bois de Vincennes épaissit ses ténèbres. J’ai entendu des cris dans la direction de Créteil Et des trains roulent vers l’est avec un sillage de chants de révolte. Je suis le veilleur de la Poterne des Peupliers. Le vent du sud m’apporte une fumée âcre, Des rumeurs incertaines et des râles Qui se dissolvent, quelque part, dans Plaisance ou Vaugirard. Au sud, au nord, à l’est, à l’ouest, Ce ne sont que fracas de guerre convergeant vers Paris.
Je suis le veilleur du Pont-au-Change Veillant au cœur de Paris, dans la rumeur grandissantev Où je reconnais les cauchemars paniques de l’ennemi, Les cris de victoire de nos amis et ceux des Français, Les cris de souffrance de nos frères torturés par les Allemands d’Hitler.
Je suis le veilleur du Pont-au-Change Ne veillant pas seulement cette nuit sur Paris, Cette nuit de tempête sur Paris seulement dans sa fièvre et sa fatigue, Mais sur le monde entier qui nous environne et nous presse. Dans l’air froid tous les fracas de la guerre Cheminent jusqu’à ce lieu où, depuis si longtemps, vivent les hommes.
Des cris, des chants, des râles, des fracas il en vient de partout, Victoire, douleur et mort, ciel couleur de vin blanc et de thé, Des quatre coins de l’horizon à travers les obstacles du globe, Avec des parfums de vanille, de terre mouillée et de sang, D’eau salée, de poudre et de bûchers, De baisers d’une géante inconnue enfonçant à chaque pas dans la terre grasse de chair humaine.
Je suis le veilleur du Pont-au-Change Et je vous salue, au seuil du jour promis Vous tous camarades de la rue de Flandre à la Poterne des Peupliers, Du Point-du-Jour à la Porte Dorée.
Je vous salue vous qui dormez Après le dur travail clandestin, Imprimeurs, porteurs de bombes, déboulonneurs de rails, incendiaires, Distributeurs de tracts, contrebandiers, porteurs de messages, Je vous salue vous tous qui résistez, enfants de vingt ans au sourire de source Vieillards plus chenus que les ponts, hommes robustes, images des saisons, Je vous salue au seuil du nouveau matin.
Je vous salue sur les bords de la Tamise, Camarades de toutes nations présents au rendez-vous, Dans la vieille capitale anglaise, Dans le vieux Londres et la vieille Bretagne, Américains de toutes races et de tous drapeaux, Au-delà des espaces atlantiques, Du Canada au Mexique, du Brésil à Cuba, Camarades de Rio, de Tehuantepec, de New York et San Francisco.
J’ai donné rendez-vous à toute la terre sur le Pont-au-Change, Veillant et luttant comme vous. Tout à l’heure, Prévenu par son pas lourd sur le pavé sonore, Moi aussi j’ai abattu mon ennemi.
Il est mort dans le ruisseau, l’Allemand d’Hitler anonyme et haï, La face souillée de boue, la mémoire déjà pourrissante, Tandis que, déjà, j’écoutais vos voix des quatre saisons, Amis, amis et frères des nations amies. J’écoutais vos voix dans le parfum des orangers africains, Dans les lourds relents de l’océan Pacifique, Blanches escadres de mains tendues dans l’obscurité, Hommes d’Alger, Honolulu, Tchoung-King, Hommes de Fez, de Dakar et d’Ajaccio.
Enivrantes et terribles clameurs, rythmes des poumons et des cœurs, Du front de Russie flambant dans la neige, Du lac Ilmen à Kief, du Dniepr au Pripet, Vous parvenez à moi, nés de millions de poitrines.
Je vous écoute et vous entends. Norvégiens, Danois, Hollandais, Belges, Tchèques, Polonais, Grecs, Luxembourgeois, Albanais et Yougo-Slaves, camarades de lutte. J’entends vos voix et je vous appelle, Je vous appelle dans ma langue connue de tous Une langue qui n’a qu’un mot : Liberté !
Et je vous dis que je veille et que j’ai abattu un homme d’Hitler. Il est mort dans la rue déserte Au cœur de la ville impassible j’ai vengé mes frères assassinés Au Fort de Romainville et au Mont Valérien, Dans les échos fugitifs et renaissants du monde, de la ville et des saisons.
Et d’autres que moi veillent comme moi et tuent, Comme moi ils guettent les pas sonores dans les rues désertes, Comme moi ils écoutent les rumeurs et les fracas de la terre.
À la Porte Dorée, au Point-du-Jour, Rue de Flandre et Poterne des Peupliers, À travers toute la France, dans les villes et les champs, Mes camarades guettent les pas dans la nuit Et bercent leur solitude aux rumeurs et fracas de la terre.
Car la terre est un camp illuminé de milliers de feux. À la veille de la bataille on bivouaque par toute la terre Et peut-être aussi, camarades, écoutez-vous les voix, Les voix qui viennent d’ici quand la nuit tombe, Qui déchirent des lèvres avides de baisers Et qui volent longuement à travers les étendues Comme des oiseaux migrateurs qu’aveugle la lumière des phares Et qui se brisent contre les fenêtres du feu.
Que ma voix vous parvienne donc Chaude et joyeuse et résolue, Sans crainte et sans remords Que ma voix vous parvienne avec celle de mes camarades, Voix de l’embuscade et de l’avant-garde française.
Écoutez-nous à votre tour, marins, pilotes, soldats, Nous vous donnons le bonjour, Nous ne vous parlons pas de nos souffrances mais de notre espoir, Au seuil du prochain matin nous vous donnons le bonjour, À vous qui êtes proches et, aussi, à vous Qui recevrez notre vœu du matin Au moment où le crépuscule en bottes de paille entrera dans vos maisons. Et bonjour quand même et bonjour pour demain ! Bonjour de bon cœur et de tout notre sang ! Bonjour, bonjour, le soleil va se lever sur Paris, Même si les nuages le cachent il sera là, Bonjour, bonjour, de tout cœur bonjour !
Robert Desnos, Le Veilleur du Pont-au-Change, 1942