ARCHEOLOGIE

un luxueux spa romain exhumé à Pompéi

Voilà une découverte excitante ! À Pompéi, les archéologues viennent de mettre au jour un luxueux complexe thermal privé, « l’un des plus grands et des plus sophistiqués jamais découverts » sur ce site archéologique italien, où se trouvent les vestiges de la fameuse ville antique ensevelie sous les cendres lors de l’éruption du Vésuve en l’an 79. Ce spa romain, dont la découverte a été annoncée il y a quelques jours et détaillée dans une publication du 20 janvier sur le site internet du parc, nous permet plus que jamais de nous immerger dans la vie des plus riches habitants de la cité, il y a environ 2 000 ans…

Depuis 2023, dans la zone 10 du quartier résidentiel « IX », recouverte de cinq mètres de débris volcaniques, une opulente villa tient en haleine les chercheurs. Après plusieurs autres découvertes d’envergure, ces derniers y ont cette fois-ci exhumé une piscine de luxe : un bassin d’un mètre de profondeur, qui pouvait accueillir dix à vingt baigneurs, entouré d’un péristyle à colonnes imposantes et décoré de grandes fresques dépeignant des athlètes et des scènes de la guerre de Troie

« Les domus romaines servaient de décors pour des mises en scènes artistiques et culturelles organisées pour gagner des voix ou des faveurs de leurs invités. »

« C’est la découverte du siècle », s’est réjouie l’archéologue Sophie Hay. Seuls quelques autres bassins de taille similaire ont en effet été découverts à Pompéi : ceux de la praedia de Julia Felix, de la maison du Labyrinthe et de la villa de Diomède. Celui-ci est d’autant plus intéressant qu’il jouxte une superbe salle de banquet mise au jour en avril 2024, aux murs noirs ornés de fresques de quinze mètres de long inspirées elles aussi de la guerre de Troie.

« Ce lien direct avec la salle de banquet montre comment les domus romaines servaient de décors pour des mises en scènes artistiques et culturelles organisées par leurs propriétaires pour gagner des voix ou des faveurs de leurs invités », souligne le directeur du parc archéologique de Pompéi, Gabriel Zuchtriegel.

Un témoignage des plaisirs pompéiens

Comme Trimalchion et ses amis dans le Satyricon de Pétrone, le propriétaire et ses invités triés sur le volet jouissaient en ces lieux d’une petite séance de spa avant de goûter aux mets disposés dans la salle attenante. Après avoir laissé leurs vêtements dans le vestiaire doté de bancs en pierre, d’un sol en marbre romain recouvert de mosaïques et de murs rouges, ils pénétraient dans une salle digne d’un sauna, où se trouvait de l’eau chaude amenée par un tuyau et préparée secrètement dans une pièce technique grâce à une chaudière en plomb.

Puis ils entraient dans une sorte de hammam, où étaient réalisés des soins de la peau, avec application d’huile et gommage. Enfin, ils allaient faire trempette dans la grande piscine, au centre du frigidarium (« salle froide »). Comme en témoignent des amphores trouvées sur place, le gratin pompéien, parfaitement détendu, y discutait en buvant des verres de vin. Un style de vie plutôt agréable !

La résidence d’une personne influente

Cette immense résidence privée comprenait également plusieurs bâtiments adjacents, dont une boulangerie et une blanchisserie de luxe. L’ensemble aurait appartenu à une seule personne très riche et influente, peut-être le notable et homme politique Aulus Rustius Verus, qui caressait l’ambition de devenir édile, et dont le nom ainsi que les initiales ont été retrouvés à plusieurs endroits dans la villa.

C’est aussi dans ce même complexe, non loin de la piscine, qu’avait été retrouvée une petite pièce (probablement un sacrarium dédié à la prière) encore en travaux, dont les murs bleus avaient été peints avec le premier pigment de synthèse connu. Dans une autre pièce exiguë, située à proximité, avaient également été mis au jour les squelettes d’une femme et d’un adolescent, vraisemblablement barricadés avec quelques vivres, de l’argent et des bijoux précieux dans l’espoir d’y survivre à l’éruption…