PARIS DES PETITES RUES

Le Marais nous promet toujours de belles balades. Au fil de ses rues, on y découvre le joli village Saint-Paul et sa centaine d’antiquaires, une étonnante synagogue Art Nouveau ou encore unjardin où il fait bon flâner. Et puis, on peut tomber de manière complètement inattendue sur des vestiges qui nous rappelle son riche passé. La rue Beautreillis, sans grande particularité en apparence, cache par exemple un drôle de portail et une horloge d’un autre temps. On vous fait découvrir les vestiges de cette petite rue du 4e arrondissement.

Cet étonnant portail détonne dans cette rue où les édifices sont parfaitement conservés. Bien en évidence, à la limite du trottoir, il est dans un état de délabrement tel qu’on se demande comment il tient encore debout. Pourquoi cette entrée est-elle encore là ? Pour quelles raisons a-t-elle été conservée ? À peine visible, l’inscription qui surplombe le vestige nous donne un indice : « Hôtel de Jean-Louis Raoul ».

 

Ce monsieur Raoul était un industriel fabriquant des limes qui a racheté, en 1810, un hôtel particulier déjà existant à l’endroit où se trouve désormais le portail, au numéro 6 de la rue Beautreillis. Les archives nous disent qu’il a agrandi la bâtisse et l’a réaménagée à sa guise pour qu’il puisse accueillir ses ateliers, mais on ignore si ce portail existait déjà. Le nouvel arrivant peut avoir adapté le fronton de l’ancien portail ou avoir simplement remplacé le précédent pour créer le sien, surmonté de son nom.

Ce vestige, conservé au moment de la destruction de l’hôtel en 1959, date donc de 1810 au moins, mais peut également être beaucoup plus vieux : un premier hôtel a été construit là aux alentours de 1605 ! Pourquoi a-t-il été conservé pour finalement être laissé à l’abandon ? On se demande encore…

Dessin de l’Hôtel Raoul et de son portail par Léon Leymonnerie vers 1850.

Juste derrière cet étonnant portail, sur le mur de l’immeuble moderne qui a remplacé l’Hôtel Raoul, se trouve une horloge sculptée en bois et en fer qui, elle-aussi, attire l’œil. Son nom, l’horloge aux Dauphins, suppose que les deux animaux marins qui entoure le cadran sont des dauphins. Il est pourtant difficile de les reconnaître… d’autant plus que, dans nos souvenirs, les dauphins n’ont pas d’écailles !

Cette horloge aurait été réalisée entre 1850 et 1880 par un horloger nommé Perret, dont on retrouve le nom sur le cadran. Ne cherchez pas à connaître l’heure, l’horloge ne fonctionne plus depuis belle lurette ! Il est donc toujours 6 heures du côté de la rue Beautreillis…

Vestiges de l’ancien Hôtel Raoul – 6 rue Beautreillis, 75004
Métro : Sully-Morland (ligne 7)